Quand l’écologie et le bien-être de nos enfants pourraient aller main dans la main, à l’école.
Libres réflexions au terme des vacances d’hiver, par Aurélie de La Cotardière
A l’heure où nous sommes confrontés à une crise sanitaire d’ampleur mondiale, aux conséquences et bouleversements attendus et redoutés, il n’est pas vain de se pencher sur ce qui fait notre quotidien, a fortiori lorsque ce quotidien concerne nos enfants et l’écologie, et donc les hommes et les femmes, et l’environnement de demain.
La corrélation entre le bien-être de nos enfants et l’écologie est une idée qui me tient à cœur depuis très longtemps.
C’est même l’un des objectifs les plus motivants que de donner la priorité à ceux qui ont besoin de toute notre attention et de notre protection. Les vacances d’hiver arrivent à leur terme et à la veille de la reprise des cours, alors que nos rythmes de vie sont modifiés par de nouvelles mesures, les questions qui concernent les enjeux évoqués plus haut, bien-être et préservation de nos forêts, s’imposent avec force.
Depuis combien d’années sommes-nous alertés sur la disparition des forêts, la déforestation à tout va, sensibilisés à l’environnement et l’écologie ? Depuis combien de temps sommes-nous attentifs au recyclage du papier, vigilants concernant son utilisation ? Et pourtant… je m’étonne qu’aujourd’hui encore , à l’heure du tri des fournitures scolaires, nos poubelles s’emplissent de papier. À cela s’ajoute, et c’est loin d’être un détail, la surcharge inutile, mais surtout très dommageable pour la santé des enfants, des cartables. Il s’agit bien là d’une question de santé publique sur laquelle les politiques se sont penchés et qui est une priorité pour les parents.
La corrélation entre le bien-être de nos enfants et l’écologie est une idée qui me tient à cœur depuis très longtemps et qui suscite une colère qui ne s’est pas apaisée au fil des ans, bien au contraire. Les constats sont simples et les solutions que l’on pourrait apporter à ce gâchis monumental d’une part, à la prise en compte de la santé des élèves, d’autre part, le sont encore davantage. Alors pourquoi en est-on encore là ?
Combien de cahiers à peine remplis, jetés chaque année ?
En ce qui concerne les fournitures. Combien de cahiers remplis au 1/5ème voire moins, jetés chaque année ? Sauf par ceux dont une prise de conscience environnementale incite un emploi intelligent de ce qui est inutilisé. Mais combien sont-ils ?
L’exigence, souvent incompréhensible et non motivée, pour l’achat de cahier de taille, de contenance, de lignes différents ? Qui parfois n’existent même pas ! Des listes à n’en plus finir, multipliées par le nombre d’enfants d’une même fratrie, tout cela représente un casse-tête chronophage pour les parents… et qui multiplie le gaspillage. Quel est l’intérêt ? Une concertation entre les professeurs ne s’impose-t-elle pas avec une évidence criante ?
Et la possibilité de commander à l’avance avec mise à disposition dans les écoles pour le jour de la rentrée ne réduit ni les dépenses ni le gaspillage à venir.
Pourquoi ne se limite-t-on pas à la demande de l’achat de cahiers de 96 ou même de 48 pages, un seul et unique modèle pour toutes les matières ? Qui sera renouvelé une fois qu’il est rempli. C’est si simple ! Et avec la pandémie que nous traversons, la baisse de revenus ou d’activité qui y sont ou seront malheureusement liées, les revenus des ménages seront impactés et un allègement de ce budget ne peut être que bienvenue.
Une autre solution est envisageable : demander aux élèves de noter les cours sur des feuillets simples à insérer dans des chemises ou des classeurs souples, réutilisables d’une année sur l’autre ?
L’idéal serait également de pouvoir laisser le maximum de fournitures sur place dans des casiers fermés, lorsque c’est possible.
Sur combien de listes figure la demande d’achat de cahiers de 200 pages grand format pour des enfants rentrant au collège, 11 ans rappelons-le, dont le poids multiplié par autant de matières, parfois deux dans certaines disciplines, est insupportable, au sens premier du terme pour des enfants si petits ? Et même pour les plus grands cette surcharge excessive est plus que dommageable. Pensons à ceux qui, de surcroît, ont des temps de trajets longs entre le domicile et leur établissement scolaire…
Les pathologies liées au développement de scolioses, de fatigue physique, surtout au moment de la croissance ne devraient-elles pas alerter et faire changer les « habitudes » ?
Selon les chiffres publiés, le poids moyen d’un cartable en France est de 8,5 kgs ! Il ne devrait pas dépasser 10% du poids d’un élève ; or là, il atteint déjà 20 %…
Enfin, et c’est une question qui est d’importance, pourquoi en France continue-t-on à imposer des rythmes scolaires épuisants en termes de durée – 6 heures de travail quotidien, pendant 5 jours – sans compter le travail du soir et du week-end ? Et ce n’est qu’une moyenne, dans certains établissements, les cours s’étalent durant 8 heures par jour, soit une semaine de 40 heures, au pays des 35 heures. Il n’est pas étonnant, ainsi que l’ont démontré certaines études, que des étudiants abordent la période post-bac dans un état d’épuisement et de démotivation évidemment néfastes à l’heure où ils peuvent enfin se consacrer à leur choix universitaire, professionnel.
Par ailleurs, le tout est entrecoupé de vacances trop longues et revenant à une périodicité trop rapide – pour les parents, un budget et une organisation déments – et qui profitent à qui au final ? Certainement pas aux enfants qui arrivent à bout de souffle aux petites vacances, rentrent avec un temps d’adaptation parfois un peu trop long, le tout pour reprendre un rythme ultra soutenu, d’où cette impression bien réelle d’une tension permanente.
Combien d’années encore va-t-il falloir attendre avant de modifier ces habitudes écologiquement irresponsables et nuisibles à la santé des enfants ?
Il est urgent de mettre en place ces pratiques simples concernant l’équipement scolaire.
Il n’y a pas lieu de légiférer, une bonne entente entre parents, enseignants, directeurs d’établissement, et la volonté de se concerter autour d’un projet commun seraient déjà un premier pas et probablement largement suffisant pour concilier bien-être, prise en compte de la santé des générations futures et écologie environnementale. Agissons mais agissons vite !
Quant à la réorganisation du temps des vacances et de l’école, pointons du doigt la place de la France parmi les pays ayant le moins de semaines de cours – 36, seuls deux pays de l’OCDE n’en ont que 35 – afin de « garder » 16 semaines de vacances, sujet épineux évoqué plus haut et qui tient non pas à la longueur des grandes vacances, la France est plutôt dans la moyenne, mais à celle des petites vacances – 2 semaines – là où une semaine serait beaucoup plus profitable à tous ? Là c’est une question de réorganisation qui incombe, et c’est une urgence, à l’Education nationale.
Cette tribune a été publiée par notre DC Aurélie de La Cotardière sur le think tank France Audacieuse le 25 février 2021.